Login

Abattoir de Houdan L214 plaide la légitimité de l’intrusion

Sébastien Arsac à son arrivée au tribunal de Versailles. © M.-G. Miossec

Le procès de l’intrusion de L214 dans l’abattoir de Houdan (78) les 11 et 12 décembre 2016 s’est déroulé ce lundi après-midi au tribunal de Versailles, devant de nombreux journalistes. Le procureur a réclamé 15 000 euros d’amende dont 10 000 euros avec sursis. La décision du tribunal sera connue le 9 octobre.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Ce procès avait été reporté en juin pour une argutie juridique finalement repoussée. Sébastien Arsac, l’un des créateurs de l’association abolitionniste L214, convoqué devant les juges avec un complice, faisant suite au dépôt de plainte du directeur de l’abattoir de Houdan dans les Yvelines, a plaidé la liberté d’expression.

Parler au nom des animaux « qui n’ont pas de syndicat »

Il revendique la légitimité de parler au nom des animaux « qui n’ont pas de syndicat », défendant son rôle de lanceur d’alerte. Il se dit informé par des personnes qui interviennent dans les abattoirs. Ses conseils ont souligné aussi l’insuffisance et l’inefficacité des contrôles des services vétérinaires à faire cesser la souffrance animale. Ils réclament la relaxe pure et simple de leurs deux clients. Car même si ceux-ci sont rentrés cagoulés dans l’abattoir, ils estiment n’avoir rencontré aucun obstacle pour pénétrer dans l’enceinte. Et affirment qu’ils n’avaient pas l’intention de filmer des personnes.

« Des films coupés, montés, arrangés »

L’avocat de la défense du directeur de l’abattoir, Vincent Harang, a rappelé que les films de L214 et la publicité faite autour sont le vrai but de ces intrusions, « des films coupés, montés, arrangés ». Les vrais lanceurs d’alerte, selon lui, agiraient tout de suite, et éventuellement anonymement pour faire cesser une mauvaise action en cours. « Là on est loin de l’état de nécessité qui pousserait à interrompre une mauvaise action en train de se commettre » s’est-il exclamé, soulignant que le but final de L214 est « l’égalitarisme entre hommes et animaux ».

Le préjudice subi par l’abattoir estimé à 180 000 euros

Maître Cassard, avocat de l’abattoir, estime le préjudice subi par ce tapage à 180 000 euros et celui de son directeur à 20 000 euros.

Le procureur a rappelé que le tribunal n’était pas là pour faire le procès des abattoirs, des modes d’abattage mais de la violation de domicile nuitamment, avec cagoule et de tentative d’atteinte à la vie privée. Il a souligné que les procédures d’inspection ont eu lieu et n’ont constaté aucun dysfonctionnement majeur au vu la réglementation en vigueur.

15 000 euros d’amende dont 10 000 euros avec sursis

Il a réclamé 15 000 euros d’amende dont 10 000 euros avec sursis pour éviter la récidive et un message à diffuser au frais du condamné.

François Lecoq, représentant de la FDSEA de l’Île-de-France, également partie civile aux côtés du dernier abattoir de porc de la Région, estime qu’« à visage masqué ou démasqué le but de L214 est la fin de la viande ». Il appelle au respect des gens qui produisent et craint pour l’élevage, en particulier des porcs.

La décision du tribunal sera connue le 9 octobre.

Marie-Gabrielle Miossec

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement